Le coronavirus et les plantes médicinales: quelle espèces devraient faire l’objet de recherche?

Le coronavirus et les plantes médicinales: quelle espèces devraient faire l’objet de recherche?

J’allais me mettre à l’écriture de ma série d’articles sur la gestion du stress, mais il m’est apparu plus urgent d’aborder la question du coronavirus. Après tout, n’est-il pas une source majeure d’anxiété à l’échelle mondiale en ce moment ?

                      

Pourtant, s’il est un sous-groupe de la population moins affecté par ce stress, ce sont les herboristes. En effet, les plantes, par leur action sur le système immunitaire, peuvent diminuer la sévérité d’une infection virale et en atténuer les conséquences. Ainsi, nous avons confiance en leur capacité à protéger nos proches ou nos clients. Néanmoins, il s’agit d’une confiance basée sur cinq mille ans d’histoire, sur des centaines d’étude de cas partagés entre herboristes, sur notre propre perception corporelle des plantes que nous utilisons. En ce moment, au Royaume-Uni, des dizaines d’herboristes sont atteints de la covid-19 ou suivent des clients qui l’ont contractée. Ils partagent avec les autres herboristes de leur communauté les points forts de leur traitements et ce qui fonctionne moins. Pareil pour la Chine qui a fait appel à des practiciens de médecine traditionnelle pour diminuer les dommages de l’épidémie; ces derniers ont généreusement partagé leurs observations sur la présentation de la maladie et sur leur approche en acuponcture et avec les plantes. Néanmoins, cette information sur laquelle nous nous basons en tant qu’herboriste n’est pas reconnue par la science occidentale comme valide. Pour celle-ci, seuls comptent les études avec placebo, idéalement en double aveugle. Ce n’est évidemment pas un scénario qu’une simple herboriste peut réaliser. Je me contenterai donc de présenter ici quelques plantes qui pourraient faire l’objet de recherche par ceux qui en ont les moyens. Commençons d’abord un résumé du coronavirus covid-19.

Avec un taux de mortalité qui se situe près de 3 %, le coronavirus est beaucoup plus fatal (et semble-t-il plus contagieux) que la grippe saisonnière qui tue autour de 0,1 % des personnes atteintes (les chiffres exacts varient énormément de pays en pays, principalement à cause du nombre de personnes testées: quand il y a moins de personnes testées, c’est probablement parce que les cas les moins lourds, donc les moins fatals, ne sont pas pris en compte). Tout comme l’influenza, le coronavirus se transmet par gouttelettes produites lors de la toux et de l’éternuement, mais aussi par contact avec les surfaces contaminées par ces gouttelettes. Le coronavirus pouvant survivre relativement longtemps sur ces surfaces, le lavage des mains fréquent est donc recommandé. Comme d’autres virus respiratoires de sa famille tels le SRAS, il causerait, chez certains individus, des dérangements digestifs comme la diarrhée et pourrait être disséminé par les selles ou l’urine.

Après l’infection initiale, le virus entraîne des problèmes de deux manières : par la réponse immunitaire, qui peut être trop violente, et par les dommages directs aux poumons. Les personnes les plus à risque sont les aînés dont le système immunitaire tend à décliner avec le temps, et les gens ayant déjà des troubles pulmonaires chroniques comme l’emphysème, la fibrose pulmonaire et la bronchite chronique. Les patients devant prendre des immunosuppresseurs sont aussi plus vulnérables, de même que ceux dont le mode de vie trop intense diminue l’immunité (par exemple travailler de nuit et vivre beaucoup de stress, pensons ici aux travailleurs du secteur hospitalier).

Le système immunitaire peut parfois être dépassé par les méthodes du virus pour se reproduire. En effet, l’immunité passe par une réaction inflammatoire pour combattre l’infection. Bien que cette étape soit nécessaire à la guérison, elle peut parfois, par une cascade de réactions en chaîne, endommager les poumons ou l’organisme au complet.

Au niveau des dommages directs aux poumons, le coronavirus infecte les cellules ciliées, celles qui balaient les fluides vers le haut. Lors de l’infection au coronavirus, ces cellules peuvent mourir et les fluides s’accumuler dans les poumons, causant ainsi une pneumonie.

L’herboristerie pourrait jouer un rôle important tant dans la prévention que dans le traitement du coronavirus. En effet, plusieurs plantes protègent le corps de cette cascade d’inflammation sans pour autant nuire au système immunitaire qui essaie de combattre l’infection. Ces plantes, tout comme la colchicine, elle aussi extraite d’une plante, devraient faire l’objet de recherches scientifiques. La façon traditionnelle, tant pour les herboristes d’ici que d’Orient, est de choisir au cas par cas plusieurs plantes en fonction de la présentation de l’individu atteint et de sa réponse. Néanmoins, la science occidentale se contente de tester une plante à la fois chez plusieurs personnes qui ont le même problème, même si la présentation est différente.

Voici quelques exemples de plantes qui pourraient être sous la loupe des chercheurs :

La rhodiole prévient les dommages aux poumons produits entre autres par la hausse des radicaux libres à cause de l’infection ; elle est aussi très efficace pour augmenter l’immunité, tout en prévenant l’auto-immunité. Le principal défaut de la rhodiole est sa croissance lente: on la cueille après plusieurs années, ce qui rend son utilisation en temps de pandémie peu durable. Elle peut causer des insomnies dans certaines circonstances, informez-vous auprès de votre herboriste ;

Le cordyceps protège les cellules ciliées et les cellules du système immunitaires ciblées par le coronavirus, il améliore grandement l’immunité. Il est maintenant cultivé, mais avis au végétaliens, il est un parasite des insectes, il faut donc en sacrifier quelques-uns pour en obtenir ;

L’astragale est une plante qui soutient l’immunité, spécifiquement au niveau des poumons. Encore une fois, elle est une vivace qui est cueillie normalement à l’âge de 3 à 5 ans ;

La réglisse soutient le système immunitaire et protège les cellules dendritiques lors de leur infection. Là encore il s’agit d’une vivace qu’on cueille après plusieurs années ;

Plusieurs champignons médicinaux ont un effet très positif sur le système immunitaire, le rendant plus apte à combattre, mais moins sujet aux cascades inflammatoires problématiques. Je pense entre autres au reishi et au chaga. Ce dernier est un champignon de croissance lente dont la ressource peut être affectée par une cueillette excessive. Le reishi est de culture facile et il produit généralement des champignons dans une saison.

Le kudzu (une plante envahissante!) et la sauge rouge (une vivace, mais qu’on pourrait cueillir après un an) pourrait être utiles pour diminuer les problèmes liés au vieillissement du système immunitaire et pourrait être testés en préventif ou en curatif chez les personnes âgées;

La renouée du Japon (ainsi que la réglisse et la scutellaire du Baïkal) protège les cellules endothéliales, mais aussi le système rénine-angiotensine, l’un des premiers affectés dans ce type d’infection. C’est une plante extrêmement abondante et envahissante (n’en plantez pas chez vous!) et dont l’écologie ne risque pas de pâtir d’un excès de récolte ;

La scutellaire du Baïkal, la sauge rouge (Salvia miltiorrhiza ou Dan Shen) et le phytolaque d’Amérique protègent le système lymphatique et la rate des conséquences de la cascade inflammatoire immunitaire ;

La scutellaire du Baïkal, la réglisse, le chèvrefeuille et la renouée du Japon ont une action antivirale contre certains virus de la famille des coronavirus il serait intéressant de valider si elles peuvent aussi prévenir le covid-19;

La molène est une plante trophorestauratrice des poumons. Cela signifie qu’elle aide à maintenir et augmenter la vitalité des tissus qu’elle influence ; elle doit toujours être filtrée avec un filtre à café sinon elle peut devenir irritante. On pourrait tester si après l’infection, elle aide les poumons à retrouver la santé plus rapidement.

Je rêve souvent du jours où les plantes seront étudiées avec autant d’intérêt que les médicaments pour prévenir et traiter diverses maladies. Peut-être la crise actuelle sera-t-elle l’élément déclencheur qui ramène les plantes sous les feux des projecteurs? Elles causent généralement beaucoup moins d’effets secondaires que les médicaments, surtout si on les prend dans leur forme entière plutôt que d’isoler un seul de leurs nombreux constituants. En plus, dans la lutte contre les bactéries, leur chimie variée permet d’éviter le phénomène de résistance qui se développe contre de nombreux antibiotiques actuellement.

Il faut aussi souhaiter que si elles démontrent leur utilité, leur utilisation ne soit pas restreinte aux seuls médecins, mais que les herboristes comme moi pourront continuer d’en expliquer les effets aux clients désireux de s’en procurer afin de leur permettre de faire les meilleurs choix possibles dans leur situation personnelle.

 

Si vous souhaitez une formulation de plantes faite sur mesure pour vous (dans la tradition herboristique selon laquelle on se soucie de ce que vous vivez et pas du diagnostique qui vous a été accordé), ou si vous voulez plus d’information, je reste disponible à distance, ou, lorsque la tempête sera retombé, en personne à St-Jean-de-Matha. Contactez-moi par téléphone (450-365-5232) ou par courriel (info@anaislherboriste.ca).

Petite mise en garde… si vous savez que vous avez été exposé au virus et que vous prenez des plantes pour prévenir ou minimiser l’infection, il n’est pas impossible que vous puissiez transmettre le virus, même si vous n’avez aucun symptôme. Respectez les consignes de quarantaine.

Pour ceux qui lisent l’anglais et qui souhaitent en savoir plus, vous pouvez lire cet excellent article de Stephen Buhner dont je me suis inspirée pour ce texte.

15 thoughts on “Le coronavirus et les plantes médicinales: quelle espèces devraient faire l’objet de recherche?

  1. Allo Anaïs c’est Réal Papa…te souviens-tu de moi..?Je voudrais savoir le prix de ton complexe immunitaire?merci à toi.

    1. sauf dans le cas de la molène, que je préfère en tisane, c’est l’option la plus simple. Néanmoins, dans le cas d’une étude scientifique, il faut que la plante soit comparé à un placébo dont le goût et l’apparence est identique. Ils ont donc tendance à préférer les comprimés, mais ceux-ci sont, à mon avis, moins rapidement absorbables que les teintures, donc moins efficaces.

  2. Bonjour, je pense que j’ai le virus car depuis 2 jours j’ai des difficultés pour respirer poumon droit et la gorge comme coincée. Je n’ai pas de fièvre. Je bois chaud et a partir d’aujourd’hui je vais jeûner ou ne boire que des jus de légumes. J’aimerais acheter votre mélange de plantes. Pouvez vous me contacter au 0642041043 ?
    Merci
    Anne Fadeuilhe-Ducol

    1. J’espère que vous vous portez mieux. Il vaut vraiment mieux me contacter par courriel. Néanmoins, je tiens à spécifier ici que si je peux faire une consultation à distance avec la France, je ne peux y poster des produits et j’ignore les plantes qui sont disponibles pour vous sur place.

  3. Merci pour votre article riche d’informations précieuses. J’ai deux questions à vous poser. -Quand est’il pour les femmes allaitantes?
    Pour les personnes avec une suspicion de maladie auto-immune est’il ok de prendre de la Rhodiole? Merci par avance

    1. POur les femmes allaitantes il faut se référer aux ouvrages de référence. Dans le cas de la rhodiole et l’allaitement, ça pourrait être problématique parce que la rhodiole est très sèche et pourrait diminuer la production de lait. Pareillement pour la Sauge miltiorrhiza.
      Pour la rhodiole et les maladies auto-immunes, elle a tendance à aider, mais il faut toujours écouter la réponse de son corps. C’est lui le vrai conseiller…

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