La résilience pharmaceutique et l’herboristerie
On entend de plus en plus parler de pénurie de médicaments. Parfois il s’agit de médicaments d’ordonnance, parfois il s’agit de médicaments en vente libre.
La réponse de bien des gens est de faire des provisions en vue d’un prochain épisode de tablettes vides à la pharmacie. Cette façon de réagir ne fait malheureusement qu’empirer le manque pour tout le monde.
Or il existe bien d’autres façons de réagir, souvent plus écologiques et socialement responsables! Se tourner vers les plantes en est une à la portée de tous.
Bien sûr, il y a des limites à ce que la nature peut créer (remplacer un agent anesthésique pour opérer ou intuber les gens par exemple). Par contre, il y a plusieurs plantes qui peuvent jouer un rôle similaire à quelques médicaments qu’on peut obtenir sans ordonnance, par exemple les antidouleurs, les antipyrétiques (contre la fièvre) et les anti-inflammatoires.
Elles peuvent aussi vous aider à gérer vos problèmes de santé chronique, vous permettant éventuellement, avec l’accord de votre médecin, de diminuer vos doses de certains médicaments ou même de vous en libérer complètement.
Voyons ici quelques plantes que vous pouvez cultiver ou trouver près de chez vous pour augmenter votre résilience.
Plantes anti-douleur
Les médicaments antidouleur les plus anciens comme l’aspirine ont été créés à partir des salicylates contenus dans des plantes telles le saule, la reine des prés ou les peupliers1. Il est très simple de revenir à ces plantes, riches en salicylates, pour gérer une douleur occasionnelle.
En plus, les effets secondaires de ces plantes sont moins marqués puisqu’elles contiennent des tannins. Ceux-ci protègent les parois de l’estomac et de l’intestin des ulcères causés par ces salicylates isolés 2 3; l’effet fluidifiant sanguin est aussi moins puissant.
Le désavantage : leur goût assez désagréable (sauf pour la reine-de-prés) rend leur utilisation en tisane difficile, mais les teintures faites à partir de ces plantes sont vites avalées et agissent rapidement.
Le thé des bois, le petit thé et le bouleau jaune contiennent du méthyl salicylate, un autre constituant aux propriétés anti-douleur, mais légèrement plus toxique que les autres salicylates- et plus à risque d’interactions médicales (particulièrement avec les fluidifiants sanguins). Il est donc recommandé de faire attention à la dose et à la concentration des préparation à base de ces plantes et de vous informer des contre-indications si vous prenez des médicaments.
En plus, il y a fort à parier que vous avez accès à l’une de ses plantes dans votre cour, à défaut de quoi vous pouvez en trouver en pépinière près de chez vous (ou chez votre herboriste préférée!).
Plantes pour la gestion de la fièvre
Si on veut contrôler la fièvre, on cherchera des remèdes diaphorétiques. Ce terme fait référence à une augmentation de la sudation, ce qui amène éventuellement une diminution de la température. La meilleure façon de prendre les plantes diaphorétiques est sous forme de tisane, la chaleur de celle-ci augmentant leur l’effet et aidant l’hydratation.
Certaines plantes sont dites des diaphorétiques chauds, comme l’ail et les piments (elles font temporairement augmenter la température du corps), tandis que d’autres sont des diaphorétiques froids, comme le sureau, l’achillée millefeuille, la reine des prés, la cataire et le tilleul. On prendra les premiers au stade des tremblements et frissons, avec une température normale ou une faible fièvre, tandis que les derniers sont plus utiles pour diminuer une température trop élevée.
Il est important de se rappeler que la fièvre est une réaction du corps à une infection et qu’elle aide à combattre virus et bactéries, entre autre en augmentant la production d’interférons et de globules blancs, des composantes importantes du système immunitaire; un corps plus chaud est aussi moins accueillant pour les bactéries qui ont plus de difficulté à se reproduire 4.
En plus, bien que ce soit moins le cas avec les plantes, les médicaments anti-fièvre, appelés antipyrétiques, par exemple l’acétaminophène (ex: Tylenol), ne font que masquer les symptômes, ce qui nous rend moins précautionneux vis-à-vis notre santé.
Je me souviendrai toujours d’une connaissance qui, grippée, avait choisi de prendre des antipyrétiques et de continuer sa vie comme si de rien était. Elle travaillait seule et dehors, donc pas de chance de contaminer quelqu’un. Elle a par la suite développé une pneumonie, ce qu’elle aurait probablement évité si elle était restée tranquille à la maison, fiévreuse, à se reposer.
Plantes anti-inflammatoire
Venons-en finalement à la gestion de l’inflammation, souvent gérée conventionnellement par l’ibuprofène (ex: Advil). Encore une fois, plusieurs plantes ont des actions bénéfiques en cas d’inflammation. On peut les qualifier de modulateur d’inflammation puisqu’elles tempèrent certaines composantes de l’inflammation tout en stimulant d’autres. Le résultat final est une diminution du temps nécessaire à la résolution de l’inflammation, souvent avec moins d’effets secondaires que les médicaments5 .
Le thé des bois, la nigelle, le basilic sacré, la renouée du Japon ou même l’ortie, la camomille et la lavande agissent toute à un niveau ou à un autre de la cascade inflammatoire pour améliorer la résolution de l’inflammation. La plupart d’entre elles sont très faciles à trouver, soit dans votre jardin, dans la forêt ou dans un terrain vague non loin de chez vous (identifiez bien la plante; assurez-vous que le sol ne soit pas contaminé et que vous avez la permission avant de cueillir!).
Consulter votre herboriste peut vous aider à choisir celles qui conviennent le mieux à vos problématiques et la meilleure façon de les consommer. L’une des erreurs courantes en herboristerie est de consommer les plantes sous une forme qui ne permet pas une extraction optimale de ses constituants.
Diminuer vos médicaments d’ordonnance?
Vous consommez des médicaments d’ordonnance et souhaitez en diminuer les doses? Sachez qu’il n’est pas possible pour un herboriste de vous faire de telles recommandations! Par contre, nous pouvons vous indiquer des plantes qui peuvent être prises de concert avec des médicaments d’ordonnance pour en augmenter l’efficacité ou pour agir sur le fond du problème à régler. Cela pourrait éventuellement permettre à votre médecin de diminuer vos doses prescrites.
Assurez-vous toujours de consulter un professionnel de la santé avant de prendre des plantes si vous prenez déjà des médicaments et informez votre médecin des plantes que vous prenez lorsque celui-ci vous prescrit des médicaments.
Si vous avez des questions sur votre santé et ce que les plantes peuvent faire pour vous ou si vous souhaitez augmenter votre résilience pharmaceutique, n’hésitez pas à prendre rendez-vous!
450-365-5232
Anaïs de Valicourt,
Bsc Herboristerie médicale,
membre professionnelle de la guilde des herboristes
